lundi 18 octobre 2021

La Roue du Temps

 Bonjour, 

C'est à l'occasion de la sortie en VF et pour la première fois en France du tome 12 de la Roue du Temps, après quelques dix ans d'attente insoutenable, que j'ai eu envie de faire cet article. 
 
Comme sûrement beaucoup d'auteurices, j'ai mes livres doudou, ceux qui ont fait que j'ai eu envie de devenir autrice, ceux qui m'ont accompagné, ceux que j'aime plus que tout. Pour moi, il y a trois séries comme ça en fantasy : Le Seigneur des Anneaux, l'Assassin Royal et La Roue du Temps. 
 
Surtout la Roue du Temps en fait. 

La première fois que j'ai mis la main sur un des tomes, c'était à Carrefour, en 98 ou 99. Je n'avais plus rien à lire, je m'étais forcée à suivre ma mère faire les courses pour squatter les rayons librairie, seul endroit à l'époque où je pouvais trouver de la bonne fantasy. Ma mère me connaissait assez pour m'y laisser, sachant que comme ça, je n'allais pas la saouler pendant l'heure et demi ou plus qu'elle mettait à faire les autres rayons. Je me suis quasi jeté dessus alors que j'avais pas la moindre idée de ce que c'était. Ce jour-là, j'ai fait acheté à ma mère les tomes  3, 4, 5 et 6 sans comprendre que c'était la même série (et pas juste le même univers) et qu'il me manquait les deux premiers. La faute au découpage des tomes d'origine en deux en VF et à une couverture pas vraiment bien foutu où il n'y avait pas la moindre mention de La Roue du Temps dessus.
 Le soir même, je lisais le Cor de Valère, tombais amoureuse de Mat et me retrouvais prise au piège dans l'univers de la Roue du Temps. 
 Il me faudra attendre 2007 et mon inscription à France Loisir pour lire enfin le premier tome (toujours coupé en deux). Je n'avais jamais réussi à le trouver alors que je n'avais eu aucun problème pour les tomes suivants. J'ai continué ma collection chez eux jusqu'au 9 (enfin, du coup au 18), puis j'ai fini par trouver les GF de chez Fleuve Noir pour les deux suivants. C'était juste avant que ma fille ne naisse, en 2010. 
 
Et depuis ? J'attends (attendais maintenant, parce qu'entre temps, j'ai enfin eu mon tome 12)
 
En 2012, Bragelonne annonçait la meilleure nouvelle pour tout lecteur de la Roue du Temps qui se respecte : Ils avaient racheté les droits de la série. Ce jour-là, c'est explosion de joie : déjà, la série allait être retraduite (parce que faut avoue qu'Arlette Roseblum et Simone Hilling n'avaient pas forcément fait un travail de dingue (Hilling plus particulièrement, les tomes dont elle s'est occupée sont bourrés de fautes, de mots manquants, d'approximations etc...)), on aurait enfin les trois derniers tomes et en plus de ça, on commençait avec le préquel jamais publié jusque là, Un nouveau Printemps. Joie et bonheur. J'achète dès sa sortie un Nouveau Printemps (qui est fort bon) et je me lance dans la relecture du cycle pour la quatrième ou cinquième fois, voire sept ou huit pour certains tomes. J'ai pris mon temps, lisant souvent au rythme de la parution chez Bragelonne. Neuf ans donc pour relire le cycle, et j'ai tellement mal calculé mon coup que j'étais encore dans le tome 11 alors que j'ai enfin le 12 dans les mains (depuis ces lignes, j'ai fort bien entamé le 12 et c'est l'éclate totale).
 
 
 
J'ai pas de photo de ma collection complète sous le coude, juste celle-là que j'ai fait pour l'arrivée du douzième

 
 
 
Parce que oui, enfin, l'attente est terminée. Elle aura duré onze ans. 
 
La Roue du Temps m'a énormément apporté. En tant que lectrice, c'est devenu mon doudou. L'univers où je sais que je vais être bien, surtout s'il y a Mat (je vous ai dit que j'étais amoureuse ? Mat, c'est clairement mon premier book-boyfriend). Il faut dire qu'avec une série aussi longue, quatorze tomes avec souvent plus de 800 pages, il y a de quoi faire. C'est à elle que je dois mon amour pour les Ourouboros (le serpent qui se mord la queue, symbole de la Roue du Temps)(des années que je cherche La bague du serpent se mordant la queue parfaite)(d'ailleurs, j'aime beaucoup le design de l'anneau dans la série qui va pas tarder à sortir), ma passion pour la Fantasy, les univers ultra développés, les complots et intrigues en tout genre, les femmes de petites tailles et complètement badass (Moiraine et son mètre cinquante auront réussi à me faire accepter mon mètre soixante), ma fâcheuse tendance à me coiffer avec une tresse et à la tirer quand je suis énervée (pas merci Nynaeve pour ça par contre). Bref, ma vie, que je le veuille ou non, est clairement teintée de morceau de la Roue du Temps. 

En tant qu'autrice, la série m'aura aussi beaucoup apporté. 
 
Je pourrais vous faire une liste. Elle comporterait la création de l'univers, l'importance de celui-ci dans une histoire, le fait de ne pas avoir des personnages trop manichéens, de savoir les nuancer au point d'avoir un héros qui pourrait basculer à tout moment dans la folie, le fait que la magie ne doive pas tout régler (coucou les lois de Sanderson)(je reste persuadé qu'il s'est servi de la Roue du Temps en plus de ses écrits pour les créer), que les prophéties sont pas forcément des lignes directives très claires etc... Ce sont toutes des choses que j'ai appris petit à petit en lisant (et parfois relisant) la Roue du Temps.

A l'époque où j'ai commencé, j'avais déjà produit deux trois textes, pas toujours géniaux, et, bien souvent, extrêmement inspiré du Seigneur des Anneaux ou des romans style Donjon et Dragons. Mais c'est en lisant la Roue du Temps que j'ai eu ma révélation. Je voulais faire quelque chose comme ça. Je voulais des intrigues, de la magie, un univers tellement étendue que je pourrais m'y perdre pendant des années dedans. C'est avec le Seigneur des Anneaux que sont nés les Archives de Ferne. C'est avec la Roue du Temps qu'elles sont devenues ce qu'elles sont. C'est grâce à Rand (à qui je rend d'ailleurs hommage dans Déchéance puisque l'un de mes personnages porte son nom) que Sélène est ce qu'elle est. Sans Sélène, sans Déchéance, il n'y aurait pas eu les Archives. 
Je ne dis pas, bien sur, que je suis au niveau de Jordan. Mais c'est l'un des auteurs que j'ai le plus décortiqué. Je connais assez son histoire pour me pencher sur ses mécanismes, pour comprendre comment est construite sa série. J'ai beaucoup appris en faisant ça, je l'ai fait d'abord de manière inconsciente, puis, souvent, bien plus consciente. Il a été mon premier professeur de fantasy, bien plus que Tolkien. Il n'ait pas le seul, mais il est, pour moi, le plus marquant. 

Je parle très peu de mes influences ici. Pourtant, nous savons tous que nous sommes influencés de plein de manière, que se soit en lisant, en écoutant de la musique ou tout simplement en vivant. La Roue du Temps, en plus d'être mon univers doudou, est l'une de mes premières grandes influences. Je lui dois beaucoup. Je lui dois Ferne, mon amour de la fantasy et plein d'autres choses. Je n'écrirais surement jamais une œuvre aussi dense, complexe et géniale que la Roue du Temps (et en fait, c'est pas forcément ce que je cherche à faire) mais il est certain que sans elle, je n'en serais pas là où je suis.

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