La Préparation - Méthode de travail #1 -

Bonjour,

J'ai dans la tête de faire des articles sur MA manière de faire. Oui, oui, "MA" en majuscule pour la simple et bonne raison que ce n'est pas un article conseil mais plutôt quelque chose plus dans la veine documentaire. Cet article sera suivi par un autre sur la relecture/correction (qui est déjà  bien entamé en fait, vu que je l'écris pendant la correction de Vespertine).

Photo by Shelby Miller on Unsplash

A savoir 

• Je ne suis pas une architecte, mais pas totalement une jardinière. J'ai besoin d'avoir un minimum de plan pour savoir où je vais. Je sais forcément comment mon histoire commence et comment elle finit. Pour ce qu'il se passe entre les deux points, tout va dépendre de mon état d'esprit.

• Je fais tout en numérique. J'ai des carnets, oui, mais je les remplis généralement après avoir travaillé sur l'ordinateur (parce que je n'aime pas avoir à raturer dans mes carnets en fait).

• Il m'arrive de ne finalement pas du tout suivre ce que j'ai pu écrire au moment de la préparation. Mais même dans ce cas, le travail n'a pas été fait pour rien. 
• J'utilise le logiciel Evernote, comme je pourrais utiliser OneNote ou Google Docs ou Word ou j'en passe. Je me sens bien avec lui pour l'instant. Peut-être que dans quelques temps, j'utiliserais autre chose. Allez savoir.

• La préparation ne permet pas d'avoir un roman parfait à la fin du premier jet (sinon, on se ferait pas chier avec la relecture/correction/réécriture)

L'idée 

Je n'ai pas de Muse. J'ai des personnages envahissants mais pas de muse. J'adorerai (ou pas d'ailleurs) en avoir une (juste pour parler à quelqu'un en fait, pas seulement à moi-même). Les idées ne me tombent pas du ciel. Je suis persuadée que c'est le cas pour tout le monde d'ailleurs. Muse, c'est juste la voix de nos personnages et histoires qui se fait de plus en plus envahissante. Bref. 

Au commencement vient donc l'idée. Ou les idées. 

L'idée, ça peut être "j'ai envie d'écrire un texte post-apo" (la Fuite) ou encore "Et si je m'inspirais d'une carte du tarot, tiens ?" (Vespertine) ou encore "j'ai envie d'écrire un truc sur les sorcières" (Le Château des Ombres et ses suites). Parfois, c'est même juste un mot, une impression.

Elles viennent d'un peu partout. Il suffit d'observer autour de soi, d'écouter, de voir, parfois de sentir. L'écrivain me semble être avant tout un observateur. 

Je suis une observatrice. Une grande curieuse aussi. Lorsqu'un sujet me plait ou juste m'intrigue, je vais chercher à en savoir plus. C'est comme ça que parfois naisse certaines de mes histoires (je pense à la Fuite par exemple).

Avant je notais tout ce qui me passait par la tête dans un fichier sur Evernote. Souvent, j'ai des idées fulgurantes et surtout éphémères. Beaucoup ont l'air super sympa sur le coup, et puis, quelques jours plus tard, je me rends compte que ça ne mènera à rien. J'ai appris à prendre le temps avant de marquer une idée sur mon fichier ou dans mon BuJo. Il faut qu'elle me reste en tête un moment pour avoir cet honneur. Mais ce n'est pas parce qu'elle est écrite quelque part que je vais forcément m'en servir. Elle pourrait rester dans son coin quelques années encore, ou pas du tout. Parfois, elle sera combinée à une autre, parfois non. 

 La fiche "en vrac"

 

exemple du carnet avec les idées en vrac

Une fois que j'ai l'idée et que oui, je compte bien écrire dessus ? Je me lance dans la fiche dite "idée en vrac" sur Evernote. 

J'en ai plusieurs comme ça, certaines sont consacrés aux personnages sans texte, d'autres aux divers univers et puis, j'en crée une par nouvelle idée de texte. Si le dit texte entre dans un des projets en cours, la fiche partira dans le carnet concerné, sinon, c'est dans le carnet divers (j'ai énormément de carnet dans Evernote, tout étant classé par univers puis roman, sans compter les "divers" qu'ils soient en écriture ou pas)(par contre, à part pour noter des liens sympas, je ne me sers quasi pas d'Evernote pour tout ce qui ne concerne pas l'écriture). 

Dans cette fiche, je lâche les idées et mon imagination. C'est un moment bien sympathique où j'ai tendance à me parler à moi-même. J'entrevois ce que je vais écrire, me questionne... 

A ce moment, je commence à peine à voir la direction que prendra le texte. Parfois, il va la garder, souvent pas (je viens de relire le "en vrac" de la Fuite, le roman n'a presque plus rien à voir avec l'idée de départ mais garde l'ossature que je voulais lui donner). J'appelle cette partie "et ça devrait parler de quoi ?" dans ma fiche.

Ce n'est qu'à partir de là que je commence vraiment à réfléchir à un plan. Sauf que chez moi, plan, c'est vite dit.
Je ne suis pas partisane de la méthode du flocon (j'ai essayé, ça m'a vite saoulé). Je ne suis pas une architecte, je pense que je ne le serais jamais. Mais pour ceux que ça intéresse, on peut retrouver des articles pertinents dessus sur Espaces Comprises (ce site est particulièrement intéressant sur beaucoup d'aspect). Je préfère jeter mes idées en vrac sur une feuille et puis ranger tout ça.

Je fais généralement ça après le "et ça devrait parler de quoi ?" dans la même fiche. Ça donne la partie "en gros" qui commence donc à mettre en forme l'histoire. Cette partie peut aller de quelques phrases à une bonne page, tout dépend. Je peux écrire quelque chose de détailler ou pas du tout. Disons qu'en bonne "jardinière mais pas tout à fait" que je suis, je sème mes graines. 

Je n'ai alors que les très grandes lignes, début,éléments perturbants, fin. 

Les Personnages 

Mais l'idée ne fait pas le roman. J'ai besoin de voir les personnages qui vont aller avec avant de me décider. Si je n'arrive pas à voir les personnages, je n'écris pas. J'ai besoin d'eux, point. A tel point qu'il arrive que certains arrivent sans avoir la moindre idée de leur histoire.J'ai d'ailleurs une fiche pour eux, comme je l'ai dit plus tôt.

Je pourrais avoir toutes les idées du monde, si je ne vois pas qui va habiter le roman, ça ne servirait à rien. C'est parfois gênant. 

Déchéance n'a vraiment vu le jour que lorsque Sélène a déboulé alors qu'elle n'aurait dû être que personnage secondaire. Cette histoire, c'était la sienne, et ça, il m'a fallu un moment pour le comprendre et donc pour écrire un premier jet valable à mes yeux. 

Je me lance donc dans la liste des personnages. Parfois, je me force à faire des fiches pour les principaux mais c'est rare. J'inscris les caractéristiques des personnages, leur rôle et puis c'est à peu près tout. Si j'ai dans l'idée que ça va durer plus qu'un roman, je me force à écrire un peu plus (style âge, couleurs peau/yeux/cheveux, signes particuliers, liens avec les autres, status au début puis à la fin...). A ce moment-là, je peux être amené à modifier ma partie "en gros" parce qu'un personnage compte déjà n'en faire qu'à sa tête. Ça reste rare quand même.

Le "plan à peu près"

Mon "résumé" et mes personnages en place, je me lance dans la conception du "plan à peu près", toujours sur Evernote. Là, je tente de faire une liste avec les scènes importantes de l'histoire. Très très souvent, chaque point correspond à un chapitre. Je peux ajouter des scènes que je veux obligatoirement, détailler un peu plus. 

Ce plan n'est pas figé. Je rappelle que je suis plutôt jardinière dans l'âme. Il me sert de base, il n'a rien d'immuable. J'en dévie tout de même peu, et si je le fais trop, il est réécrit entièrement durant la rédaction du premier jet. 

En exemple, voici le premier plan pour la Fuite (Attention, il spoile quand même l'histoire si vous ne l'avez pas lu (ne pas l’agrandir donc). J'y cale les événements importants mais aussi les jours, la Fuite se déroulant sur cinq jours en tout. Ce n'est pas le plus complet que j'ai pu faire mais il comporte des indications temporelles que je ne mets que rarement.

Je n'écris jamais plus dans mes plans. Je ne détaille pas mes futurs chapitres. C'est suffisant pour moi. Et de toute façon, dès que je détaille plus, je ne suis plus ce que j'ai écris. J'aime avoir une certaine liberté, quitte à reprendre mon premier jet du début à la fin.

Et après 

 

 

J'ai donc des fiches avec l'architecture suivante : 

• Et ça devrait parler de quoi ?

• En gros

• Personnages

• Plan à peu près 

C'est généralement suffisant pour que je me lance. 

Si je suis d'humeur, je vais tout retranscrire sur carnet de manière un peu moins brouillonne. Cette étape est assez versatile chez moi. Je peux le faire avant de me mettre à écrire mon premier jet ou alors que je suis en plein dedans (j'ai fait ça avec Vespertine, ça m'a permis de me remettre sur les rails alors que je commençais à désespérer). J'ai beau aimé le numérique, je trouve qu'écrire sur un carnet à quelque chose de plus durable. Surtout, je retravaille la partie "en gros" qui devient un résumé plus complet. J'en profite aussi pour créer la ou les cartes si besoin est (c'est le cas pour le projet fantasy par exemple) ainsi que les histoires des personnages (on verra ça la semaine prochaine)

J'écris mon premier jet sur Evernote. Je crée un carnet pour le texte, dans lequel je déplace la fiche "en vrac". J'écris une fiche par chapitre (en période de NaNo c'est un jour une fiche pour le compte de mots). Ça me permet de pouvoir modifier l'ordre de certains chapitres (ça arrive) ou même d'en réécrire d'autres sans tout perdre (et sans me perturber non plus). Ça me permet aussi de ne pas me focaliser sur le nombre de mots écrits et à écrire (j'avais une forte tendance à vouloir tout calibrer avant mon passage sur Evernote, m'enlevant ainsi une certaine liberté). 

Je ne le redirai jamais assez, mais ceci est MA méthode de travail. Elle n'est ici que pour illustrer la manière dont JE procède. Peut-être changera-t-elle un jour. En tout cas, elle fonctionne pas mal avec moi. 

La préparation me prend du temps. Moins que pour un architecte, mais elle en prend quand même. Elle peut aller d'une journée à une bonne semaine (si je fais les cartes, on ajoute encore deux jours de plus au moins). J'ai fini par comprendre que même si ce que je fais n'est pas parfait ni complet, cette étape est importante. Je ne suis pas une complète jardinière. Je suis plutôt une voyageuse ayant une vague idée de ce qu'elle veut voir et déviant parfois de son plan de voyage.